Rajery

Rajery Le prince de la valiha abdique Rajery, Germain Rakotoniriana de son état civil, lauréat du prix Découvertes RFI 2002, nous parle des retombées de ce prix dans sa carrière musicale. Il nous livre également ses points de vue sur la situation actuelle de la valiha, dont il en est le maître, et fait le point sur le festival « Angaredona »…
Les Nouvelles (*) : Que vous a réellement apporté le prix Découvertes RFI, que vous avez obtenu en 2002 ?
Rajery (-) : Avant le prix découvertes RFI, j’ai déjà œuvré pour la promotion de la musique. Mes premières tournées datent de 1992. Jusqu’à l’obtention du prix, en 2002, j’ai fait pas mal d’efforts pour réussir d’où les premiers contrats que j’ai signés avec des maisons de production françaises. L’obtention du prix m’a donc propulsé et m’a ouvert de nombreuses portes. J’aimerais toutefois préciser que le palme ne suffit pas. Il faut toujours travailler pour qu’on ne vous oublie pas.
- Est-ce que le qualificatif de « prince du valiha » tient toujours la route huit ans après le prix ?
- En réalité, je ne sens pas trop ce qualificatif. Car, rien que le mot « prince » me gêne déjà beaucoup. Il s’agit en réalité d’un qualificatif lancé par des journalistes. Les organisateurs de spectacle l’ont bien retenu par la suite. Mais en réalité, je ne suis qu’un joueur de valiha. Etre un prince ne me tente pas.
- Qu’en est-il alors de la préparation de la relève ?
- Pour la petite histoire, j’ai commencé à jouer de la valiha en 1980. Douze ans plus tard, j’ai effectué mes premières tournées internationales. En 2002, j’ai obtenu ce fameux prix. A mes actifs, je compte 27 ans de scène et 18 ans de carrière internationale. C’est en 1986 que j’ai commencé à effectuer des recherches sur les méthodes d’apprentissage de la valiha, « le secret de la valiha diatonique ». Il reste encore valable et efficace jusqu’à nos jours. En 1989, J’ai commencé à dispenser des cours puis j’ai fondé deux ans plus tard l’association Akombaliha.
- Mais il y a aussi la semaine de la valiha…
- Effectivement. J’ai lancée la semaine de valiha en 1996 dont l’objectif a été de partager mes connaissances en la matière. Le partage fait ainsi partie de mes trois principes : modestie, partage et perfection. Jusqu’ici, j’ai ainsi beaucoup partagé et maintenant j’ose dire que je n’ai aucun souci pour la relève. Même mes enfants approfondissent maintenant la valiha. Mes élèves d’ailleurs sont un peu partout dans le monde. Beaucoup d’entre eux enseignent déjà la valiha à ma place.
- Peut-on dire que le festival Angaredona est le fruit du prix Découvertes RFI ?
- J’aimerais souligner que l’un des véritables fruits du prix Découvertes RFI est Valimad, le studio que j’ai créé en 2003. L’objectif a été de venir en aide aux artistes qui n’ont pas les moyens pour se faire connaître. A l’époque, faute d’enregistrement, les musiques vivantes ne sont jamais diffusées à la radio. Ensuite, grâce à ce prix, j’ai pu enrichir mes relations et décrocher en même temps des contrats. Angaredona, par contre, est le fruit de la semaine de la valiha.
- Où en est-on avec l’édition 2010 ?
- Nous sommes maintenant en plein cœur de sa préparation. Mais nous attendons encore pour mettre les choses au point avant de lancer officiellement l’événement. Une chose est déjà sûre, le festival Angaredona aura bel et bien lieu cette année. Comme à l’accoutumée, le grand rendez- vous sera au mois de septembre.
- Et le projet de dépot de brevet pour la valiha malgache…
- Cela fait longtemps que j’ai évoqué ce projet afin que cet instrument soit classé dans le patrimoine malgache avant qu’il ne devienne comme le papier antemoro dont la propriété revient maintenant à d’autres pays. Pour la réalisation de ce projet, il faut toutefois, d’un côté, que l’Etat prenne ses responsabilités car la valiha peut désormais être classée patrimoine culturel national. D’un autre, il y a la responsabilité de tous les artistes jouant de la valiha. Ainsi, chacun doit déposer ses brevets suivant les recherches et études qu’ils ont faites avec leur propre instrument…
- Mais qu’en est-il de la relation entre les musiciens, notamment entre les joueurs de valiha malgache ?
- L’objectif c’est la solidarité. Car c’est la valiha qui nous a déjà liés. Cette solidarité est une voie qui devra nous mener, entre autres, à la mise en place de la fédération ou de l’association des joueurs de la valiha et de ses artisans. Le tout dans l’affinité de voir ensemble les perspectives et avenirs de cet instrument sur la scène internationale.
- Artiste, gérant d’un studio et également organisateur de festival…Mais ce n’est pas tout, vous êtes aussi membre fondateur de la formation 3MA. Où en est-on avec celle-ci ?
- C’est l’avantage d’être polyvalent. Malgré tout, je ne mets pas au second plan ma carrière musicale car c’est mon gagne pain quotidien. Tout est donc question de timing. Et heureusement que je suis un gestionnaire de formation. En fait, la tournée 3MA se poursuit toujours. Le prochain rendez-vous sera au mois d’octobre…Il y a déjà un calendrier bien établi concernant ce merveilleux projet.

Propos recueillis par Vavah Rakotoarivonjy nouvelles 23/7/2010 "Le maître incontesté de l'instrument le plus célèbre de Madagascar" The Times Virtuose de la Valiha, l’instrument emblématique de Madagascar, Rajery (prononcer « Rajer’ ») est un homme rare et un musicien d’exception. Malgrès son handicap -une main droite amputée- il a réussi à force de détermination à devenir l’un des virtuoses de la valiha et s’est forgé un style unique, dépouillé, raffiné et poétique. La valiha (prononcer vali) est une cithare, sorte de luth tubulaire en bambou.
L’instrument est aux sonorités cristallines : ses notes évoquent tour à tour harpe, clavecin, kora, sanza ou santour. Les cordes en sont des câbles de freins de vélo, qui s’accordent sur des petits chevalets provenant de calebasses. Son art se nourrit des différentes traditons malgaches (mélodies des Hauts Plateaux, rythmes salegy de la Côte, polyphonies vocales du Sud…). Ses chansons, écrites dans la langue du pays, parlent des feux de brousse qui ravagent la forêt primaire, des voleurs de zébus, de la vie quotidienne du peuple malgache, de ses craintes et de ses espoirs. http://www.myspace.com/rajery


Graines de bitume, enfants de la rue, Tana

Mokana, orphelinat à Fianarantsoa